Les sculptures de Stéphanie Cherpin ne sont pas des objets encore moins des objets finis. Elles sont toujours retransformées par la succession des situations, jusqu’à leur mort (vente quelquefois, destruction et don, souvent).
Pour la résidence au Tremblay, elle a travaillé avec de nombreux reliquats (restes de sculpture, images, dessins, textes, matériaux trouvés sur place). Ces archives sauvages sont pour l’artiste une matière vivante, un compost fertile, l’ADN de son travail d’assemblage. Leur utilisation est presque inépuisable. Elles peuvent se bouturer, se dupliquer, s’augmenter ou se perdre à l’infini. Il faut constamment les remettre en jeu, les updater, et cela se fait au grès des situations. Accueillir le contexte permet de fixer un cadre, une durée, de ne pas donner le choix à cette archive monstrueuse. Comme dans un enregistrement live, la sculpture capte tout, « non pour le cerveau seulement, mais pour l’âme, les mains, le cœur, les couilles. Un véhicule ou un vaisseau dans lequel (…) déverser la moindre joie ou découverte, le moindre frisson de froid ou d’émotion, le moindre chagrin, la moindre idée lorsqu’elle pointe en moi, le moindre doute, rêve, baiser ou orage, la moindre question, vision, danse ou chanson, les moindres rencontres magiques, le moindre rire ou éternuement » (SC emprunte ces mots à George Herms).
Les gestes de Stéphanie Cherpin s’étendent en une large gamme qui accueille, interprète, traduit ou vole les gestes des autres, qu’elle mêle aux siens ; sa sculpture aime les featuring. Au Tremblay, elle a aussi enregistré les fantômes, les guerres et les tempêtes, puis elle s’est mise sur pause le temps d’une exposition.
Avec :
L’aide précieuse de Sébastien Vanhulst, Coralie Sanchez et Urssaf, la playlist « Grand Prairie » (Massive Attack-Mezzanine, Deniro Farrar-The Patriarch, Janelle Monae-The Age of pleasure, Teen music 90-2000) et les artistes, amours, ami-es, mort-es et vivant-es cité-es en featuring. A la mémoire de JC.